Du 3 au 5 décembre 2024, Rennes accueillait Sport Physics 2024, une conférence scientifique internationale de haut niveau consacrée aux avancées des recherches scientifiques dans les domaines de la physique et la biomécanique associés au sport de haut niveau.
Cet événement, qui se tient tous les quatre ans après les Jeux Olympiques d'été, rassemble experts et chercheurs autour des résultats les plus récents dans le domaine.
Cette conférence, organisée par l’IRISA en partenariat avec le centre Inria de l’Université de Rennes et l’ENS Rennes, a mis en avant le réseau français Sciences2024 ainsi que les Projets Prioritaires de Recherche (PPR) « Sport de très haute performance » (STHP) qui ont accompagné les jeux 2024 en exploitant des partenariats. Les sujets de recherche trouvent leur origine sur le terrain, en lien avec les fédérations et ceux qui ont été présentés lors de cette conférence, étaient en partie des travaux aboutis et achevés en cette année des jeux olympiques organisés du 26 juillet au 11 août 2024 en France.
Mixer les pratiques du terrain et la recherche
Le principal objectif de Sport Physics 2024 est de mélanger la physique, la mécanique, la biomécanique, les mathématiques, l'informatique, les sciences des données et la physiologie afin de proposer des solutions concrètes aux problèmes et défis identifiés par les entraîneurs, les équipes médicales et les athlètes. Cette approche transdisciplinaire répond à un besoin de collaboration entre science et sport, pour améliorer les performances et résoudre les problèmes rencontrés sur le terrain par les athlètes.
Depuis les Jeux Olympiques de Paris 2024 et les projets lancés en 2020 pour les préparer, les disciplines impliquées n’ont cessé de croître.
« [Pour cette édition], nous avons laissé la part belle aux sports olympiques, mais aussi à des sports moins connus pour apporter une diversité de propos et de points de vue» explique Charles Pontonnier, Maitre de conférence à l’École Normale Supérieure de Rennes et l’un des organisateurs scientifiques pour l’édition rennaise avec Jacques Prioux et Christophe Clanet.
Ainsi les organisateurs ont eu le plaisir d’accueillir des intervenants de premier plan, d’horizons et disciplines diverses tels que :
- Tom Van Wouve, spécialiste de la biomécanique, qui a présenté ses travaux sur la simulation musculosquelettique de l’aviron sur ergomètre.
- Laurent Schmitt, chercheur et responsable du département Performance-Expertise-Recherche du centre national de ski nordique a exploré la physiologie de l’exercice, notamment la variabilité cardiaque et ses liens avec la performance sportive.
- Vittoria Bussi, cycliste de haut niveau, a partagé son expérience de mathématicienne et athlète dans le domaine du cyclisme.
- Nicolas Pouleau, triathlète de niveau national, a présenté l’importance de la relation entre un entraîneur et un athlète, à travers l'exemple de sa collaboration avec le triathlète paralympique Alexis Hanquinquant.
- Jozina De Graaf, neuroscientifique, professeure à Aix-Marseille Université et vice-doyenne recherche à la Faculté des sciences du sport, qui a présenté ses travaux sur les sensations fantômes des membres amputés, apportant un éclairage différent sur les athlètes parasportifs.
Une opportunité de réseau pour les doctorants
Comme dans de nombreuses conférences scientifiques, l’opportunité d’échanger est primordial pour les doctorants à Sport Physics. Ils étaient nombreux venus de différents laboratoires, à présenter leurs recherches, à des stades de maturité différents.
À ce sujet, Charles Pontonnier souligne l’importance de ce genre de rencontres au début d’une carrière scientifique « 70 personnes, c’est une taille idéale pour des étudiants, qui peuvent ainsi s’exercer à présenter leurs recherches et se créer un réseau scientifique. »
À cette occasion, nous avons rencontré Lorette Quéguiner, doctorante à l’IETR (Institut d'Électronique et des Technologies du numéRique). Dans ce podcast, elle nous présente sa thèse, ses domaines d’application et les bénéfices que lui ont apporté la conférence.
Un bilan positif et des perspectives pour l’avenir
Charles Pontonnier souligne l'intérêt et sa satisfaction de ce moment d’échange et de rencontre. Cette édition a eu un réel succès. « Les échanges sont riches et l’on voit une disparition des silos disciplinaires pour laisser place à des approches par sport, menées par les problématiques issues des fédérations. Les JO en France sont finis et cette conférence a permis de faire un bilan scientifique autour des questions abordées. Des résultats ont aussi été présentés au grand public au club France lors des JO.Cette conférence est aussi une occasion pour tous de se projeter vers la suite et de réfléchir aux futurs challenges scientifiques que nous chercherons à relever dans les prochaines années.»
L’édition de Sport Physics 2024 a illustré l’importance de créer des ponts entre les disciplines scientifiques et pratiques sportives et donnera lieu à la publication d’un livre courant septembre 2025.
Les chercheuses et chercheurs sont invités à soumettre une version écrite de leur présentation, afin de rendre hommage à cette période marquée par une convergence renforcée entre science et sport, particulièrement visible lors des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Interviewer : Bonjour Lorette.
Lorette Quéguiner : Bonjour, je suis en 3e année de thèse à l'IETR, un bâtiment très proche de l'Inria. Ma thèse s'intitule "La communication et l'alimentation sans fils des dispositifs on-body biométriques". Ce que j'ai présenté à la conférence, c'était sur le monitoring individuel et collectif des athlètes avec des semelles connectées.
Interviewer : Est-ce que tu peux nous donner des exemples concrets de sports dans lesquels ça peut être utilisés ?
LQ : Ça peut être utilisé au niveau individuel, par exemple pour le service au tennis ou bien par les gardiens de foot, et aussi au niveau collectif avec une équipe de hand, une équipe de foot. On a les semelles qui sont connectées les unes aux autres.
Interviewer : Comme tu es en 3e année, est-ce que ça veut dire qu'il te reste encore quelques recherches ou ta thèse est bouclée ?
LQ : Il reste encore un peu de travail à faire. Là on est sur la partie "design d'antenne". En fait, dans les semelles, il y a beaucoup d'électronique, mais nous, on se concentre vraiment sur cette partie-là parce qu'elle est un peu délaissée dans la recherche aujourd'hui, en tout cas pour cette application. Et du coup, on design cette antenne cette année. On la prototype et après, on va la tester en situation réelle.
Interviewer : Est-ce que cette conférence t'a été utile ? Est-ce qu'elle était différente des autres conférences que tu as pu réaliser pendant ta thèse ?
LQ : Oui, complètement parce que c'est une conférence qui est axée sur le sport et avec des domaines scientifiques hyper variés. Donc c'était un exercice pour moi de vulgariser mon travail aussi parce que les gens ne connaissent pas forcément cet aspect des antennes et d l'importance que ça a en tout cas dans le développement d'outils électroniques. Et donc oui, ça m'a été super utile pour présenter mon travail.