Lors de son pot de départ en retraite en 2014, Yves Bekkers cherchait partout son ami Olivier Ridoux.
Ce qui m'est resté en mémoire, cette phrase "Je ne peux pas faire un pot de départ sans mon grand ami Olivier Ridoux"
En moins de 30 minutes, ce jour là, il m'a relaté le duo Y.B et O.R et surtout l'esprit de l'équipe de recherche LIS.

Lorsqu'il passait par le bâtiment 42 pour aller en cours en amphi, il prenait soin de saluer les secrétaires d'un salut de la main. Il semblait passionné par les aquarelles car lorsqu'une affiche du bâtiment 42 ressemblait à une aquarelle, il s'y arrêtait un moment.

L'été 1980, Yves aura été mon premier contact avec la recherche. Depuis, bien d'autres maîtres puis collègues m'ont inspiré, chacun contribuant à ma boule à facettes. Que contient la facette d'Yves ? Elle contient une énorme dose de liberté, de celle qui n'existe que si on s'en sert. Et Yves s'en sera abondamment servi. Elle contient aussi de la passion, débordante, qui pousse à transmettre. Et Yves aura beaucoup transmis, l'informatique bien sûr, mais aussi la mer, l'aquarelle, la cuisine, la couture, la menuiserie, le travail des mains en général, le tout bien mélangé ! Elle contient aussi une immense générosité, qui pousse au partage, mais aussi à voir le beau partout où il se niche même bien dissimulé, qui pousse aussi à un énorme respect pour le beau geste, aussi humble soit-il. Merci Yves pour ta facette qui brille toujours.

Yves était fougueux et enthousiaste. Toujours prêt à attraper une nouveauté au vol, et à s’y plonger avec énergie, même quand l’objet en question n’avait pas de documentations et encore plein de bugs. Ainsi a-t-il découvert Java avant tout le monde, ou encore Eclipse, XML/XQuery et Lambda-Prolog. Il était très impliqué dans sa mission de transmission « Tu te rends compte, on ne peut quand-même pas laisser partir des futurs ingénieurs sans les avoir formés aux langages de demain ! ». Ainsi, la promotion suivante de DIIC3-LSI reçut un enseignement de Java au lieu de Lambda-Prolog, qui lui était pourtant si cher, passant des termes typés d’ordre supérieur aux interfaces graphiques avec les mêmes horaires, le même duo d’enseignants et sans changement de maquette.
Enseigner avec Yves ressemblait parfois à des montagnes russes, avec ses accélérations soudaines. Mes collègues de Prolog, Anne et Sophie s’en souviennent bien.
Après son départ en retraite, Yves a continué ses aventures sur d’autres sujets. En particulier il a soutenu activement des familles de migrants syriens de sa commune, Vern, et il s’est mis à apprendre l’arabe.
Il était à fond dans le présent, sans trop de calcul pour l’avenir. Il était vivant.

Depuis toutes ses années, Yves était un ami. Ce matin, j'ai retrouvé avec émotion une petite aquarelle sur une feuille volante, et un message, presque effacé : "Je soussigné Yves Bekkers, entraineur fédéral de voile promo 67, certifie que Catherine Belleannée a passé la pointe du Décollé par force 7,5 au trapèze le 4 octobre 92".

Toutes mes pensées amicales vont à sa famille.
Yves, tu me manques déjà.

J'ai eu la chance avoir Yves comme collègue à l'ESIR et à l'IRISA. J'ai été recruté en 2012 a l'ESIR et nos bureau à l'IRISA était sur la même couloir (entre 2012 et 2014, où il a pris sa retraite). En cette période, j'ai frequemment rejoint les poses-cafés avec l’équipe LIS (aujourd'hui SemLIS), l’équipe de l'Yves. J'ai de très bons mémoires de ces pauses cafés, et discussions, de très bonne ambiance, où Yves a parlé de ses aventures de navigation en mer et de diverses iles, qu'il a visité. Il avait une véritable flux de histories, avec beaucoup de humour. C'est tellement dommage qu'il a eu si peu de temps en retraite, où il voulait avancer avec ses projets de peinture.

Très cher Yves,
On pourra dire que tu as mis de l'animation dans notre bureau pendant les quelques années où nous l'avons partagé juste avant ta retraite :-) Avec toi on ne s'ennuyait pas. Oublier des fromages tout un weekend dans le bureau, il n'y a que toi pour me faire un coup pareil :-) J'ai des milliers d'histoires à raconter concernant cette cohabitation professionnelle :-) Leur point commun est que tu ne vivais pas tièdement. Tout était intense dans ta vie, tes bonheurs, tes malheurs, tes prises de position. Tu étais franc, direct, généreux, passionné, emporté et... profondément gentil :-) Je ne t'oublierai pas.

Tres triste d'apprendre le décès d'Yves, un de mes anciens enseignants de l'IFSIC.
Je garde de très bon souvenirs de mon passage dans ces locaux, sans aucun doute, grâce a la formidable équipe pédagogique que Yves avait contribue a construire.

Lorsque je suis arrivée en poste à Rennes, c'était lui le directeur de l'IFSIC.
Il m'aura accueilli avec beaucoup de bienveillance, et transmis une vision généreuse du métier d'enseignant-chercheur. Pour cela, je le remercie.
Il aura aussi su échanger avec moi sur des points plus personnels, ce qui en a fait un ami.
C'est donc avec une vraie tristesse que j'écris ces mots.

Yves, c'était un prince de la programmation, tous azimuts, de la programmation logique en Prolog ou lambda-Prolog, mais aussi Java dès l'apparition de ce langage. Qui n'a pas pesté contre les derniers plugins Eclipse qu'il fallait installer si on voulait faire tel ou tel cours avec lui.
Yves, c'est l'introduction des enseignements liés au web (html, css, etc.), que certains appelaient alors des weberies. Le néologisme Bekkerseries avait même été introduit.
Yves, c'était le directeur qui a accompagné, non sans douleur parfois, la création de l'antenne rennaise de l'ENS Cachan, et l'accueil de ses étudiants dans les promotions de l'IFSIC.
Yves, c'était un directeur qui se transformait en skipper avec des étudiants de l'IFSIC pour la course de l'EDHEC
Yves, c'était aussi un peintre. Passez au bureau des affaires internationales de l'ISTIC, qu'occupe Antonio Mucherino, vous verrez deux aquarelles de sa main.

J'ai connu Yves fin 1975 quand il m'a "embarqué" dans un projet concernant l'évaluation de performances des calculateurs. Je démarrais ma carrière, lui avait quelques années d'ancienneté en plus ! Je me souviens plus particulièrement de deux moments : le premier où il défendit avec passion et conviction (et succès) son projet lors d'une réunion dans notre bureau avec Michel Métivier, alors directeur d'un IRISA naissant, et le deuxième où, pour notre première publication à Stresa (Italie, au bord du lac Majeur), il décida d'y aller en voiture ce qui nous permit de faire profiter du séjour nos épouses respectives. Plus tard, courant 1980, il mit sur pied et dirigea une nouvelle structure transversale dénommée "Atelier de microinformatique" dont l'objet était le développement de maquettes matérielles et logicielles à la demande des projets. Toute proportion gardée, c'est l’ancêtre des services actuels SIC et SED. A noter que dans le premier rapport d'activité de l'atelier (octobre 1981) on peut lire la présence, en tant que stagiaire DEA, d'un certain ... Olivier Ridoux ! Quelques année plus tard (1985), suite à la création de nouveaux services à l'IRISA (atelier logiciel, atelier réseau, atelier informatisation des services), Yves participa à la réunification de toutes leurs activité en un service unique puis s'en alla refaire de la recherche à temps plein. Toute cette période à ses côtés m'a laissé un souvenir inoubliable. Repose en paix, Yves.

J'étais arrivé en 1992 à l'IFSIC et Yves était de ceux qui m'avaient accueilli avec grande bienveillance, un peu comme un grand frère, c'est d'ailleurs comme ça que je l'appelais parfois et ça le faisait rire. Ses conseils m'ont aidé à m'habituer à mon nouvel environnement Rennais. Nos discussions sur tout type de sujets étaient très enrichissantes. Je garderai le souvenir d'un grand frère bienveillant, humble et d'une grande sensibilité.

J'ai visite Rennes a l'invitation de Yves en 1993. Nous avons travailler ensemble et ensuite présenter ensemble un papier en programmation logique a la conference ILPS, aux E.U. Je me rappelle aussi d'avoir passer des journées inoubliables sur son bateau. Quand il était temps de dormir, Yves a laissé ses amis dans le comfortable intérieur, tout en veillant, comme un bon capitaine, dans le froid et le vent a l'extérieur du bateau. Je vais toujours me rappeler sa gentillesse et sa camaraderie ainsi que ses idées de recherche dans les "années d'or" de la programmation en logique.

Ma 1ère collaboration avec Yves fut en 1975 lorsque, tout récemment recrutée au secrétariat Irisa, je fus mise à contribution pour la frappe d'une thèse,
rédigée en trio, dont Yves était l'un des auteurs.
A cette époque, nous n'avions pas d'ordinateurs et les secrétaires avaient cette lourde charge, sur machine à écrire !
Puis, après de nombreuses années, je l'ai à nouveau côtoyé en tant qu'assistante à la direction de l'Ifsic, durant son mandat de directeur. Pas
toujours facile à cerner, il était néanmoins toujours bienveillant. Je me souviens par exemple d'un matin où il a pris le temps de passer au marché
pour m'apporter des fleurs.
Mon dernier souvenir avec lui est lors de son départ à la retraite lorsqu'il m'a demandé de participer à une photo souvenir avec les 4 premiers directeurs
qui se sont succédés depuis la création de l'Ifsic. Ce fut un moment assez émouvant !
L'annonce de son décès a été un grand choc.